Notaire à Saint-Blaise 1865-1905. Conseiller communal, député.

Notice nécrologique
Saint-Blaise. (Corr. ). — M. Charles Dardel, notaire. — C'est avec un sentiment de regret profond et sincère que toute la population de Saint-Biaise a appris la mort de M. Charles Dardel, notaire, survenue jeudi soir, à la suite d'une maladie de cœur qui le mina peu à peu.
Il était fils de Daniel Dardel, le président bien connu de la Cour d'appel, après 1848, et qui a laissé dans notre pays le souvenir d'un magistrat intègre et capable. M. Charles Dardel est né en 1840. Il n'a quitté son village natal, auquel il était profondément attaché, que pour faire ses études. Il fit d'abord un apprentissage de commerce à Neuchâtel, puis étudia le droit à Paris, devint stagiaire chez son oncle, le notaire Junier, et bientôt ouvrit son étude à Saint-Blaise.
Il a joué dans notre vie locale un rôle très important, consacrant une bonne partie de son intérêt et de ses forces à la prospérité de son village.
Appelé très jeune, soit dès 1861, à faire partie des autorités communales, il a rempli pendant de longues années les fonctions de secrétaire de l'ancienne commune, puis de la municipalité et même de toutes les deux à la fois. Il fut ensuite caissier communal, et dans les charges diverses, il a toujours montré une exactitude, une conscience et un bon sens remarquables.
Il était au courant de toutes les questions qui ont préoccupé nos autorités locales depuis longtemps. Les archives n'avaient plus de secret pour lui ; il les avait fouillées en maintes circonstances et les renseignements qu'il y a puisés avec une grande patience ont parfois été fort utiles à ses concitoyens.
Lorsque la question de propriété des forêts de la Grande Côte s'est posée si brûlante, il a été pour beaucoup dans l'heureuse solution qui est intervenue en faveur de la commune de Saint-Blaise.
Toutes les œuvres d’utilité publique trouvaient en lui un zélé partisan et un appui solide. On ne peut citer que quelques-unes de celles auxquelles il a prêté son concours. La Société d'apprentissage, la Compagnie des vignerons, la Société des conférences, le Comité du Café de tempérance, la Ligue patriotique contre l'alcoolisme, utilisèrent ses services dévoués. Il fut pendant longtemps un membre apprécié de la Chambre d'assurance et fit partie du Conseil d'administration de Préfargier.
Il représenta presque sans cesse depuis 1871 le collège de Saint-Blaise-Cornaux au Grand Conseil et fut nommé souvent au bureau de cette assemblée comme questeur. Ce n'est que depuis trois ans qu'il refusa absolument de se laisser remettre en liste. Ce qui distinguait M Charles Dardel, c'était sa modestie, son désintéressement, sa probité, sa loyauté, son amour de la paix. C'est toute la population qui accompagnera dimanche au champ du repos cet excellent citoyen dont le souvenir restera longtemps parmi nous. Sa famille pourra voir toute la sympathie dont elle est entourée dans son deuil. Cette cordiale sympathie s'adresse aussi à ses enfants d'Afrique, qui se hâtaient de venir pour le voir encore et qui, hélas, arriveront trop tard.
Feuille d’avis de Neuchâtel, samedi 27 mai 1905